Vie associative

05 juin 2020

Romain – volontaire onze mois dans une école pour enfants non-voyants et mal-voyants en Grèce

Est-ce que tu peux te présenter et me parler de la raison pour laquelle tu as souhaité partir en volontariat européen?

Moi c’est Romain, j’ai 24 ans et j’ai fait une école d’éducateur spécialisé après mon bac. Pendant ma deuxième année de formation j’ai eu la possibilité de faire un stage à l’étranger, sauf que je ne maitrisais pas du tout l’anglais et je ne me sentais pas prêt à partir, même si j’en avais toujours eu envie. Puis j’ai eu l’occasion d’apprendre l’anglais et à la fin de mon école d’éducateur spécialisé je me suis dit que c’était bon, je pouvais partir car je maitrisais l’anglais et n’avais plus peur. Cependant, sortant juste des études, j’avais tout de même envie de partir en ayant un cadre et de rester en lien avec mon domaine professionnel, à savoir le social.

C’est une amie qui m’a parlé du volontariat européen, et je me suis dit que c’était une bonne opportunité pour avoir une expérience en lien avec le social tout en partant à l’étranger. Comme quoi le bouche à oreille est vraiment important car si cette amie n’était pas partie elle-même en volontariat et ne m’avait pas parlé de son expérience je n’aurais jamais su que ce type de programme existait. J’ai aussi eu beaucoup de chance car il faut souvent postuler dès février ou mars pour les volontariats à la rentrée de septembre, et moi je ne connaissais même pas le programme à ce moment là mais il y a eu un désistement pendant l’été dans mon association d’accueil et donc cela a pu se faire très rapidement en août.

Pourrais-tu présenter l’association dans laquelle tu as réalisé ton volontariat ? Quelles étaient tes missions ?

J’étais dans une association à Athènes en Grèce qui s’appelle Break the borders. C’est une association qui agit auprès d’enfants non-voyants et mal-voyants dans une école. C’était la première année ou l’association accueillait quatre volontaires européens, et donc j’étais avec d’autres jeunes venant du Portugal, d’Espagne et de République Tchèque. L’association accueillait une cinquantaine d’enfants de la maternelle au lycée, qui allaient dans une école classique le matin avant de venir pour déjeuner puis suivre des cours spécialisés l’après-midi.

C’était des cours très personnalisés en petit groupes, et nous on était là pour assister les professeurs, pour rendre service dès qu’il y en avait besoin. On intervenait beaucoup au moment du repas, et on était très présents pendant les ateliers sportifs ou artistiques comme le théâtre, l’art plastique ou la radio par exemple. Cela nous permettait d’être un volontaire pour un enfant, et donc de vraiment les accompagner dans leurs activités.

Moi j’intervenais également pendant les cours de français, c’était l’occasion d’avoir des échanges, c’était vraiment un bon moment. Notre rôle était aussi assez important pendant les week-end puisqu’il y avait six adolescents qui restaient à l’internat avec un seul accompagnateur, donc c’était compliqué pour lui d’animer seul des activités ou des sorties. On a vraiment créé une relation privilégié avec ces six adolescents en prenant le temps d’échanger, d’apprendre à se connaître, de faire des activités ensemble, d’organiser des fêtes et des grands jeux…

Ce qui est génial aussi c’est qu’on a pu accompagner les enfants pendant leurs trois voyages scolaires de l’année. Il y a eu un premier voyage pédagogique à la montagne en hiver, autour de l’environnement, puis un second qui était une rencontre dans une ville avec toutes les écoles qui ont participé à un projet radio, et enfin un voyage de fin d’année pendant la dernière semaine d’école où on est tous partis sur une île à Paros. Ça c’était nos missions avec les enfants, et à côté de cela il y avait aussi une imprimerie en braille dans l’école que l’on allait souvent aider le matin, avant que les enfants arrivent.

Qu’est-ce que tu dirais que cette expérience t’a apporté ?

A l’école je suis un petit peu resté sur ma frustration parce qu’il y avait la barrière de la langue. J’avais deux heures de grec par semaine mais ce n’était pas suffisant pour réussir à avoir des conversations, même à la fin de l’année. C’est là que je me suis rendu compte à quel point la communication est importante dans le travail. Il y a plein de fois où j’étais impuissant car je ne pouvais pas échanger directement avec les enfants, je devais toujours demander de l’aide pour la traduction.

Par contre j’ai vraiment aimé voir les enfants grandir au fur et à mesure de l’année. Ayant déjà travaillé dans un foyer de vie pour adultes non-voyants et mal-voyants au sein duquel j’avais vraiment été impressionné par l’autonomie des adultes, j’ai été assez déçu de voir la dépendance des enfants dans l’école grecque. Je me suis donc donné pour projet personnel d’essayer, à mon échelle, de favoriser leur autonomie, notamment au moment des repas. C’était vraiment important pour moi de pouvoir les accompagner autant que possible vers une certaine indépendance, et j’ai adoré les voir progresser au fur et à mesure de l’année.

Plus globalement, ce que je retiens vraiment de cette expérience c’est l’ouverture d’esprit que m’a apportée le fait de vivre un an à l’étranger. J’ai vécu 11 mois que je n’oublierai jamais. J’ai rencontré des personnes d’une chaleur humaine incroyable, aussi bien à l’école avec les enfants et les collègues qu’à l’extérieur. Je me rends compte que cela venait beaucoup des grecs, je pense qu’ils ont un cœur énorme, j’ai beaucoup d’affection pour eux, pour leur culture.

J’ai appris énormément, j’ai voyagé en Grèce mais aussi en Roumanie, en Bulgarie, en Turquie et en Jordanie. J’ai aussi rencontré des jeunes qui venaient de partout dans le monde, notamment grâce aux deux séminaires de volontaires organisés par Erasmus+.

Ma vie à Athènes me manque beaucoup et j’en suis reparti avec le sentiment d’être non seulement français de par ma culture et ses spécificités, mais aussi européen. C’est une expérience qui ouvre énormément l’esprit, qui donne un sentiment de cohésion incroyable. Vraiment je le conseille à tout le monde car c’est quelque chose dont vous vous souviendrez toute votre vie.

Si tu devais donner un conseil aux jeunes qui souhaitent réaliser un volontariat avec le CES, qu’est-ce que tu leur dirais ?

Je leur dirai qu’il faut partir! Il faut partir et surmonter sa peur de l’inconnu car c’est là que vous ferez les plus belles rencontres de votre vie. C’est une expérience que l’on ne peut pas regretter et pour cela il suffit d’oser se lancer. Je pense vraiment que c’est une aventure que tout le monde devrait vivre!

 

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