Vie associative

30 septembre 2020

Portrait de l’association Au P’tit Blosneur

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Au P'tit Blosneur

« Recréer du lien, de l’entraide, de la solidarité entre les habitants du quartier du Blosne », tel est l’objectif porté par l’association Au p’tit Blosneur depuis sa création officielle en février 2016. Un objectif des plus louables que Claire-Agnès FROMENT et les bénévoles s’évertuent de remplir à travers l’établissement de nombreux projets.

Pourriez-vous nous présenter l’association ? Comment cette initiative citoyenne vous est venue ? 

Au P’tit Blosneur, c’est une association de quartier tout simplement. On est vraiment autour de l’habitant, on est là pour lui. Récemment, on a remodifié nos statuts, entre ce qu’on avait imaginé au début et les développements de ces 5 dernières années, l’objet s’est étoffé. Aujourd’hui, on se positionne comme une association qui a pour objet de « développer et promouvoir les relations entre habitants et d’améliorer le vivre ensemble, par le développement de la citoyenneté, la protection de l’environnement, le développement du lien social et le développement économique ». 

Si l’association a été déclarée en février 2016, je travaillais sur le projet depuis déjà un an. Cette idée m’est venue suite aux attentats de Charlie Hebdo. Un contexte particulier pour tout le monde…  J’habite le quartier avec ma famille et je ne voulais pas qu’il devienne un endroit où tout le monde avait peur de tout le monde, où on avait peur de faire des choses ensemble. L’idée au tout début, c’était vraiment de recréer du lien entre les habitants du quartier d’un côté, et de l’autre, travailler malgré tout sur son développement économique pour les habitants. 

Quelles sont ses activités ? 

Comme l’objet de l’association, les projets se sont étoffés au fur et à mesure des années. Au démarrage, on s’est concentrés sur le lien social, l’entraide, la rencontre entre habitants. Le concept de l’association, une conciergerie sociale et solidaire avec pour objectif de permettre aux habitants du quartier de se rendre des petits services, s’y prêtait totalement. On proposait ainsi des activités, des repas partagés, des animations, puis progressivement, les habitants se sont impliqués davantage, en proposant des projets, en partageant leurs envies. Le partage, le lien social, c’est ce qui est au centre de l’association. 

Petit à petit, beaucoup de projets se sont développés. On est en plein dans l’innovation sociale, les idées naissent au fur et à mesure des conversations, des rencontres, puis deviennent des projets que l’on soutient. Au-delà du système des P’tits Blosneurs qui vise à faire le lien entre les demandes et les propositions de services, dans une logique d’entraide mutuelle, on a développé assez rapidement des prestations, pour des écoles, pour la ville, tournant autour de l’alimentation et du développement durable. L’idée était vraiment de mettre en avant les compétences des habitants. 

De ces prestations, on en est venu à travailler depuis l’année dernière sur les Grands Blosneurs. En résumé, trouver du travail aux habitants. L’association se pose comme intermédiaire. Avec notre réseau, le fait qu’on travaille avec diverses structures, on peut aller chercher des habitants qui ont envie de travailler, qui ont des compétences, l’envie d’être formés et leur trouver des missions, que ce soit pour d’autres habitants ou bien pour une entreprise indépendante ou une institution. On est un peu tiers de confiance entre les habitants qui veulent travailler et les structures, les institutions qui cherchent à recruter. Comme un relais qui met en contact les uns avec les autres. C’est vraiment un projet qui nous tient à cœur et qu’il faut qu’on lance plus largement cette année, qu’on développe un système adéquat pour être un relais efficace. 

Enfin, nous avons depuis janvier 2020 une cuisine partagée, un projet déposé par une étudiante, puis voté par le budget participatif de Rennes. Après l’inauguration, les gens étaient au rendez-vous, avec la création d’ateliers notamment par les structures de quartier. Le confinement a stoppé cette progression, mais tout cela va être remis en place prochainement, avec l’idée que tout le monde puisse venir y accéder. 

On accueille aussi en ce moment, et pendant 6 mois, la librairie coopérative. Ce projet est né en coopération avec Les Editions du Commun et la librairie associative, Des idées et des livres. Initialement, le démarrage ne devait pas se faire dans notre local, mais celui prévu pour la librairie étant encore en travaux, on l’a accueilli chez nous. C’est aussi ça le P’tit Blosneur, c’est  pleins de manières de recréer du lien et d’accéder à la culture dans le quartier. 

Comment l’association a-t-elle été accueillie dans le quartier ? 

Quand cette idée m’est venue, j’étais toute seule. La première année, j’ai rencontré beaucoup de partenaires, d’associations, de structures, et d’institutions. Toutes ont trouvé l’idée intéressante. 

En septembre 2015, avec quelques voisins qui étaient déjà au courant, on a présenté le projet lors d’une fête des voisins, on était une quarantaine. Là encore, l’accueil reçu était positif, tous trouvaient l’idée très sympa, et certains commençaient déjà à réfléchir à des services ! On a déclaré l’association l’année d’après. Tout de suite, on a senti une curiosité de la part des habitants, le bouche à oreille a beaucoup fonctionné. Très vite, ils ont adhéré pour soutenir le projet, en faisant un petit don, ils voulaient contribuer à la mise en place de l’association et participer à leur échelle. 

Toute l’année qui a suivi la création, on était sur cette volonté de faire connaître l’association dans le quartier, on était vraiment sur la mobilisation des habitants. Une mobilisation qui a porté ses fruits puisqu’en fin d’année, le département sur la ligne innovation sociale a décidé de soutenir l’association, on a pu obtenir ainsi un local au centre des affaires du quartier et je suis devenue salariée. Et les habitants étaient une nouvelle fois au rendez-vous ! 

Comment du point de vue associatif, le confinement a-t-il été vécu ? 

Pour tout le monde, ce confinement a été une période particulière. On a été confinés le mardi midi, et le lundi, on a pensé que ça n’allait pas durer très longtemps, que c’était l’occasion de faire du rangement. Mais finalement, dès le vendredi, on était déjà au taquet ! Sur cette période précisément, on s’est rendus compte que nos objectifs de solidarité et-d’entraide, que l’on mène depuis 5 ans, s’étaient littéralement décuplés ! 

Face à la crise, Au P’tit Blosneur s’est réorganisé totalement pour rejoindre les initiatives solidaires développées avec de nombreuses autres associations rennaises. On a ainsi contribué à l’initiative des colis solidaires portée par la fondation SolidaRen et plusieurs autres associations pour venir en aide aux plus démunis. Des bénévoles, habitants du quartier, ont ainsi pu distribuer des colis de produits de première nécessité au local du p’tit Blosneur deux fois par semaine. On ne savait pas faire, mais on a appris vite. Tout était simple finalement, car les gens voulaient rendre service. On a également réalisé un appel à dons suite à la demande de l’association Coallia, pour venir en aide aux personnes confinées, qui n’avaient ni radio, ni télé, ni smartphone, ni presse, et qui étaient coupées de tout finalement. Les dons ont littéralement explosé ! 

On a vraiment vécu ce confinement comme une période pleine d’ambivalence. D’un côté, on l’a perçu comme deux mois de solidarité et d’entraide, et cet élan de solidarité intense, on voudrait l’avoir tout le temps ! Mais d’un autre côté, on était face à des personnes qui se retrouvaient dans le besoin, c’était une urgence sociale qu’on avait face à nous.

Comment vous envisagez cette nouvelle année qui débute dans un contexte qui demeure particulier ? 

Le contexte particulier de la rentrée dans lequel nous sommes tous est un peu compliqué pour travailler nos projets, car on ne sait pas si les ateliers ou activités qu’on va prévoir vont pouvoir se faire. Alors pour l’instant, on prévoit malgré tout des activités, des ateliers ponctuels autour de la nourriture par exemple ou du développement durable, on réfléchit à des animations. La vie reprend. 

On a aussi envie de monter un Repair Café sur le quartier et un club Cigalle, ce sont deux projets qui nous tiennent à cœur. Ils font partie des objectifs de l’année. Le Club Cigalle, c’est un club d’investissements ; des particuliers qui se regroupent et tous les mois, ils mettent une certaine somme en commun, et une fois qu’elle est devenue conséquente, on peut financer des projets qui ont été choisis par les particuliers, qu’ils souhaitent mettre en place dans leur quartier. Notre volonté, c’est vraiment que les gens redeviennent citoyens et réinvestissent leur quartier. Ce projet de pouvoir choisir tous ensemble et de participer à élaborer des actions, c’est vraiment intéressant. Le Repair Café, c’est le second projet que l’on aimerait mettre en place, car il rentre vraiment dans notre façon de voir les choses, l’association, il rentre dans la continuité de nos actions, avec la cabane à dons ou encore la bibliothèque de rue. 

Dans les perspectives à venir, on retrouve aussi le marché d’hiver, qui sera le 4ème cette année, très apprécié dans le quartier, que l’on veut vraiment maintenir. Ou encore la braderie de juillet, qui demande du travail avec plus de 250 stands. Voilà pour les gros projets de l’année ! C’est vraiment une année particulière finalement qui s’ouvre à nous, mais les projets sont là, et les idées aussi !

Crédits photos : « Aurélien Scheer, le photographe ambulant »

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