Vie associative | Vie de la ligue

29 mai 2020

Maxence, volontaire en Service civique dans la compagnie Artefakt

Est-ce que tu peux te présenter et me parler de la raison pour laquelle tu as souhaité réaliser un Service civique ?

Je m’appelle Maxence et j’ai 18 ans. J’ai arrêté l’école en fin de troisième, à 14 ans, pour me lancer dans la vie active et plus spécifiquement dans le cinéma qui est ce que j’ai toujours aimé faire, à mes risques et péril. J’ai plutôt réussi à me faire des contacts petit à petit et je suis arrivé dans le coin de Dol-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine il y a un an et demi.

J’ai rencontré David qui est le président de la Compagnie Artefakt, on a bossé ensemble sur plusieurs projets et à un moment il m’a parlé du Service civique. Il m’a dit qu’avec mes activités et mes expériences je serais bien pour le poste, et je n’ai donc pas vraiment fait de candidature, ça s’est fait très naturellement. Moi cela me convenait bien aussi car c’est un temps partiel donc ça me permettait de continuer mes activités à côté, de faire des tournages, avec une très grande souplesse.

Je connaissais déjà la compagnie et les missions m’intéressaient car elles me permettaient d’être au contact des gens et de travailler à une échelle plus locale qu’à mon habitude.

 

Pourrais-tu présenter l’association dans laquelle tu réalises ton Service civique ?

La Compagnie Artefakt est une association de cinéma qui a pour objectif d’apporter la culture dans des endroits où il y en a très peu en Ille-et-Vilaine, dans des petits villages. On privilégie les relations sociales et défend l’idée de promouvoir la culture dans tous les territoires, à une époque où elle est souvent malheureusement concentrée dans les grandes villes.

Nos locaux se trouvent dans le village de Lanhélin, en Bretagne romantique, mais nous nous déplaçons beaucoup. La compagnie propose différentes activités ambulantes comme des initiations au cinéma pour les enfants, des contes, des ateliers de bruitage… Nous avons aussi un bus aménagé qui est un escape game ambulant avec lequel on se déplace en Bretagne et même ailleurs en France. Et puis chaque année on organise un festival de projections en plein air, qui aurait normalement dû commencer ce mois-ci mais qui est malheureusement annulé pour cette année.

 

Quelles étaient tes missions telles que prévues à l’origine et comment ont-elles été adaptées pendant le confinement? Comment avez vous mis en place une continuité dans l’association ?

Mon Service civique a commencé en septembre et il a duré huit mois, donc je viens de le finir début mai. Dans le cadre de mes missions j’étais chargé de tout le secteur audiovisuel, donc je travaillais à la fois sur les projections en plein air et sur les activités avec les enfants.

Pour les projections en plein air j’étais en binôme avec la seule salariée de l’asso, qui gère les contacts avec les diffuseurs et tous les détails administratifs qui sont importants pour organiser de tels évènements. Et pour les activités avec les enfants là j’intervenais sur tout ce qui touche à la technique du cinéma, au montage vidéo ou encore au fonctionnement des tournages. J’apportais mes connaissances à droite à gauche pour préparer les ateliers puis pour faire le montage par la suite.

Avec la crise sanitaire et le confinement nous avons dû annuler une grosse partie de nos activités comme tout le monde. Toutes les projections ont été annulées après des mois de travail pour les préparer depuis septembre. Nous avons fait des réunions en visio assez régulièrement pour prendre les décisions globales sur la vie de l’association et voir comment on pouvait réussir à maintenir des activités et un minimum de continuité.

Pour les ateliers, nous avons essayé de proposer des alternatives en visio lorsque c’était possible, et sinon nous avons toujours communiqué avec le public pour les prévenir des annulations, proposer d’autres activités qui pourraient les intéresser ou encore les informer de la potentielle date de reprise. Il y a eu par exemple un atelier bruitage qu’on fait habituellement avec des enfants, l’idée c’est qu’on leur montre des images de dessins animés tout en expliquant comment ils pourraient créer des bruitages autour de ça pour que le film soit vivant. Pendant le confinement on s’est organisés pour maintenir l’atelier par visio, avec un petit logiciel pour que les enfants puissent choisir eux-même des bruitages et créer des choses, puis j’ai fait le montage pour qu’ils puissent voir le résultat.

Globalement j’ai fait beaucoup plus de montage que ce qui était prévu. On a décidé de prendre tout ce qui restait dans les tuyaux de l’association en termes de vidéos à monter, aussi bien des teasers d’activités que des films réalisés par les enfants pendant les ateliers de l’année, pour que je puisse vraiment avancer de ce côté là.

Pourquoi était-ce important de maintenir tes missions, aussi bien pour toi que pour l’association et ses bénéficiaires ?

Malheureusement même si mes missions ont été maintenues, nous sommes une association qui travaille énormément au contact des gens donc nous n’avons pas vraiment pu maintenir notre fil conducteur. Le montage vidéo ce n’est pas ce que je préfère, au contraire j’ai fait ce Service civique parce que j’avais envie de rencontrer des gens, d’être à leur contact et de faire des choses ensemble. Mais bon ce temps m’a permis de bien avancer sur le montage et de continuer à apporter à la compagnie en utilisant mes compétences.

C’était également très intéressant de participer aux réunions spécifiques à cette période, de construire la continuité et de réfléchir à ce qu’on pouvait développer. Même si maintenant mon activité au sein de la compagnie s’arrête là, j’ai aimé échanger sur la suite, voir ce qu’ils envisagent pour redémarrer l’activité, et prendre le temps de réfléchir à ce qui ne va pas pour l’améliorer.

Cette période a apporté beaucoup de déceptions pour les personnes qui travaillaient depuis des mois sur l’organisation de la saison des projections qui se déroule entre mai et août, et qui ont vu tout leur travail réduit à néant. Mais bon maintenant on se relève et on bosse sur ce qu’il se passe après.

Plus globalement je suis très content d’avoir fait ce Service civique. Bien qu’elle ne m’ait pas apporté beaucoup sur le plan professionnel puisque l’idée était au contraire que j’amène mes compétences, cette expérience a été particulièrement riche en termes de relations. Elle m’a permis de pousser mes limites et de découvrir un côté vraiment plus local qui m’a fait énormément de bien.

Alors que j’ai pour habitude de travailler sur des tournages sur Paris où on est 50, où c’est l’usine, là avec la compagnie j’ai pu faire des petits tournages avec des enfants, apprendre les bases, travailler à une échelle bien plus humaine.

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu souhaites ajouter ?

Oui, quelque chose que je déplore un petit peu et qui s’est révélé flagrant en période de crise c’est le caractère désavantageux du statut de Service civique. Sans indemnité de chômage ni aucune aide spécifique, beaucoup de jeunes qui terminent leur Service civique en ce moment, en plein confinement, se retrouvent dans une situation très difficile.

En pleine crise sanitaire et financière, les opportunités de trouver du travail par la suite sont presque inexistantes, et nous nous sentons un petit peu abandonnés. N’étant considérés ni comme salariés, ni étudiants, ni précaires, nous ne pouvons prétendre à aucune aide, ce qui nous laisse dans une situation très compliquée. Voilà, je trouvais important de dire cela.