Vie de la ligue
27 juin 2025
Vie de la ligue
27 juin 2025
La Ligue de l’enseignement, tous les trois ans, se réunit en congrès, pour débattre de ses priorités politiques, les définir, se projeter jusqu’au prochain congrès. C’est un temps essentiel de la vie démocratique de notre mouvement. Pour 2025, la thématique retenue par le Conseil d’administration a été en effet celle-ci : « Nouveaux défis, nouvelle émancipation, pour une ligue éduquant à l’esprit critique. » Lors du congrès de Metz en 2022, nous avions adopté une résolution « pour l’éducation du futur. » affirmant notre « engagement à agir pour une éducation émancipatrice, faisant le pari de permettre à chacun.e d’apprendre à penser et agir par soi-même et avec les autres, dans une visée de transformation sociale ».
Aujourd’hui, le conseil d’administration a décidé d’aller un peu plus loin. La Ligue a été fondée, en 1866, pour éradiquer l’ignorance, elle doit aujourd’hui, sans doute, pour porter un projet éducatif émancipateur, vaincre les falsifications du réel, les mensonges, les fake news, les négationnismes. Giuliano Da Empoli, dans son ouvrage « L’heure des prédateurs », indique qu’une étude du MIT a montré qu’une fausse information a 70% de probabilité de plus d’être partagée sur internet qu’une vraie, car une fausse information s’avère plus originale, et attractive qu’une vraie. La vérité prend six fois plus de temps qu’une fake news pour toucher 1500 personnes. Ce qui fait dire au psychanalyste Roland Gori : « Si on veut bien admettre que la valeur d’une information dépend de sa viralité, force est de reconnaître du coup, que la vérité a beaucoup moins de valeur que la fausse nouvelle… ». Sans doute cela contribue-t-il à ce que pour beaucoup de personnes adultes, et aussi d’enfants, de jeunes, fréquentant les réseaux sociaux, la croyance, l’opinion, l’emportent sur le savoir.
La concentration, dans de mauvaises mains, des moyens de presse et d’édition, au-delà même de l’influence des réseaux sociaux, favorise aussi le développement des vérités alternatives, et nuit à la qualité du débat démocratique, et à un exercice éclairé de la citoyenneté. Philippe Meirieu a raison de nous alerter « Le populisme est peut-être en passe de l’emporter ».
Notre projet d’éducation populaire est fondamentalement et historiquement lié à l’émancipation.
« L’obscurantisme, dont la négation du réchauffement climatique, et la confusion des idées, s’insinuent dans les cerveaux, plus rapidement encore avec l’essor du numérique, au moment même où nous avons besoin de nous appuyer sur des savoirs solides et éprouvés pour faire face aux défis de la transformation écologique mais aussi pour sortir de la misère un milliard d’êtres humains et pour préserver la paix. » Comme exprimé finalement dans notre résolution finale, « si la Ligue est déjà engagée en tant que mouvement laïque d’éducation populaire, le contexte actuel, qui manifeste une remise en cause des valeurs républicaines et de progrès, décomplexée, nécessite une réponse forte et adaptée. La Ligue s’engage à développer l’esprit critique comme moyen d’émancipation ! »
L’appropriation par le réseau de La ligue de l’enseignement du débat sur la question de congrès est un enjeu démocratique majeur. Il y a sans aucun doute une expertise, développée dans nos échanges, exprimée dans les nombreuses contributions des fédérations et de leurs militant.es. Au-delà, c’est la mobilisation de notre intelligence collective qui est essentielle.
L’enrichissement de nos réflexions et de nos échanges, particulièrement par les rencontres nationales de l’éducation de Rennes, a bien sûr revêtu un caractère tout à fait essentiel. Poser collectivement les questions de la réhabilitation nécessaire de la parole des scientifiques, des processus par lesquels se construit la connaissance, de la démarche scientifique, dans les pratiques éducatives, comme dans le débat public, contribuait à nourrir nos échanges et nos réflexions. La qualité des conférences, des tables rondes, aux Rencontres Nationales de d’Éducation de Rennes, comme au congrès, a été saluée par le réseau. Le nombre et la richesse des contributions sur les espaces collaboratifs internes montrent une appropriation exemplaire des fédérations et unions régionales. Des actes seront publiés en fin d’année 2025, pour conserver une trace, à la fois du débat démocratique interne (indispensable une fois de plus) et des conférences et tables rondes du congrès.
Il reviendra ensuite au Conseil d’administration d’impulser et entretenir une dynamique de mise en action des orientations données par la résolution de congrès. Les comités nationaux dédiés aux différents secteurs d’activité de La ligue s’empareront de cela, dès l’automne 2025. Nos orientations doivent se décliner maintenant dans nos actions, par une consolidation de certaines d’entre elles, mais aussi par une inflexion voire une évolution parfois de nos pratiques.
Nous sommes ici, dans cette démarche, vraiment dans l’Éducation Populaire !